L’alimentation scolaire : un investissement qui se justifie!

LONGUEUIL, 31 AOÛT 2023 – De nouvelles données dévoilées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) confirment le retard du Québec et du Canada par rapport aux autres pays de l’OCDE en matière d’alimentation scolaire et fournissent de nouveaux arguments appuyant la mise en place d’un programme d’alimentation scolaire universel, qui pourrait être déployé dans les services de garde en milieu scolaire.

Selon le rapport de l’IRIS, le Canada est le seul pays du G7 et un des seuls pays membres de l’OCDE à ne pas avoir de programme national d’alimentation scolaire. Seulement 12 % des enfants du primaire au pays bénéficient d’un programme d’alimentation scolaire, contre 61 % dans la moyenne des pays à revenu élevé.

La mise en œuvre d’un programme universel d’alimentation scolaire à l’échelle du Québec représenterait des investissements importants, mais similaires à ceux réalisés par plusieurs autres pays, dont plusieurs sont nettement moins riches que le Québec, soulignent les auteurs du rapport. Ces investissements sont largement justifiés par les bienfaits multiples d’un tel programme, notamment en matière de santé publique et de réduction des inégalités sociales, tel qu’en témoignent plusieurs exemples internationaux examinés dans cette étude.

« La préparation de la boîte à lunch représente une pression économique et une charge mentale importantes pour les parents, tandis que pour les élèves, il peut y avoir un effet négatif à la comparaison. Servir un repas sain et équilibré – le même – à tous les élèves permettrait non seulement de réduire les inégalités, mais aussi de transformer l’heure du repas en un moment de partage plus agréable, d’accroitre la littératie alimentaire des enfants et de réaliser des activités éducatives autour de la saine alimentation », croit Diane Miron, directrice générale de l’AQGS.

Concernant les coûts d’une telle mesure, l’AQGS rappelle que le montant défrayé par les parents pour la fréquentation du service de garde en milieu scolaire par leur enfant est comparable à celui d’un service de garde éducatif à l’enfance, qui pourtant inclut le repas. Pourquoi deux poids deux mesures, demande la directrice générale ?

Des initiatives à renforcer

L’AQGS se montre par ailleurs préoccupée par la décision récente de mettre fin au soutien financier du projet pilote Écollation. Ce projet s’articule autour de la distribution de collations de fruits et légumes frais aux élèves de 24 écoles primaires et secondaires situées en milieu défavorisé. La volonté d’étendre ce projet à toutes les écoles du Québec est là, mais les ressources financières doivent suivre.

« Cette décision prend la direction inverse de celle préconisée dans le rapport de l’IRIS, qui démontre bien les limites des programmes dits « résiduels », généralement réservés aux personnes les plus défavorisées et qui ont un effet stigmatisant. La mise en place d’un programme d’alimentation scolaire universel s’inscrit dans une vision plus inclusive de l’école comme milieu de vie où chaque élève profite des mêmes avantages », constate Mme Miron.

Quelques faits saillants du rapport de l’IRIS

  • Au total, le financement de repas ou de collations scolaires par le gouvernement du Québec s’est élevé à 67 millions de dollars en 2022-2023, ce qui représente 0,38 $ par élève par jour d’école. C’est nettement insuffisant.
  • Le Canada est le seul pays du G7 et un des seuls pays de l’OCDE à ne pas s’être encore doté d’un programme national d’alimentation scolaire.
  • Seulement 12 % des enfants du primaire au pays bénéficient d’un programme d’alimentation scolaire, contre 61 % dans la moyenne des pays à revenu élevé.
  • Dans au moins 25 pays, la couverture est universelle, c’est-à-dire que le programme rejoint 100 % des enfants inscrits dans les écoles primaires, et elle est quasi-universelle dans une dizaine de pays supplémentaires, avec des taux dépassant les 75 %.
  • Plus du cinquième des enfants vivent une forme ou une autre d’insécurité alimentaire, et près de 12 % en subissent une forme modérée ou grave.

Pour consulter le rapport : https://iris-recherche.qc.ca/publications/programme-alimentation-scolaire/