Le pouvoir des mots
En levant la main, qui aimerait ici avoir une meilleure ambiance de repas sur l’heure du dîner ? Je te vois déjà lever la main tout seul en lisant cette ligne. La rentrée scolaire est un beau moment pour partir sur de nouvelles bases et se questionner sur nos façons de faire.
J’ai donc envie de te poser une question : est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’utiliser des phrases semblables avec les élèves ?
« Dépêche, tous les amis ont fini sauf toi »
« Mange au moins tes légumes, au moins c’est bon pour la santé »
« Mange au moins la moitié de ton lunch »
Est-ce la meilleure façon pour parler des aliments avec les élèves ?
Allons dans la tête d’un enfant quelques minutes pour comprendre l’impact de nos mots.
Dans la tête d’un enfant
| L’éducatrice ou l’éducateur dit : | L’enfant comprend : | Plus tard, cela incitera l’enfant à … |
|---|---|---|
| « Dépêche, tous les amis ont fini sauf toi » | « C’est stressant le dîner, je dois toujours me dépêcher à manger » | Engloutir rapidement son repas au lieu de prendre un moment calme pour le déguster et écouter ses signaux de faim et satiété que lui envoie son corps. |
| « Mange au moins tes légumes, c’est bon pour la santé » | « Ça ne me tente pas de manger des légumes, on me force toujours à en manger» | Moins apprécier les légumes parce qu’ils sont reliés à de la pression plutôt qu’au plaisir. |
Et maintenant, entre deux adultes ?
Et si on s’imaginait dire le même scénario, mais avec notre amie à un souper de fin de semaine ?
– Audrey : « oufff, je n’ai pas vraiment faim, il fait chaud aujourd’hui … »
– Fanny : « Ben la …. Audrey, mange au moins tes légumes, c’est bon pour la santé »
– Audrey, mal à l’aise, ne répond rien …
À bien y réfléchir, ce n’est pas la recette la plus gagnante pour favoriser une belle relation avec les aliments.
Une recette gagnante
Tu seras sûrement d’accord avec moi, comme éducatrice et éducateur, tu souhaites que les élèves développent leur autonomie dans un contexte de plaisir. Souvent, on pense bien faire lorsqu’on utilise ce type de phrases pour parler de l’alimentation. Ce sont des phrases très communes dans notre société que l’on répète par automatisme.
Saviez-vous qu’il existe un langage plus éducatif que nous pouvons utiliser pour interagir avec les enfants à table? Maintenant, qui souhaite avoir un discours plus positif pour parler de l’alimentation ? Pour faciliter ce changement, il existe plusieurs outils. En voici quelques-uns.
J’ai bien entendu : des outils ?!
Pour se rappeler chaque jour ce discours positif que l’on veut mettre de l’avant, j’ai une astuce pour toi : un rappel visuel près de toi au quotidien.
Cette affiche (guide des messages à communiquer lors des repas) contient une foule d’idées dans lesquelles piger pour utiliser de nouvelles tournures de phrases positives pour rendre le dîner plus agréable ! Ex : Mange encore 2-3 bouchées –> as-tu une petite, moyenne ou grande faim ?
Pourquoi ne pas l’imprimer et l’afficher dans ta salle d’employés et partager à tes collègues l’importance des mots utilisés ?
Avec les élèves
Envie d’intervenir de façon plus démocratique lors des repas ? L’échelle de la faim et de la satiété de La mission détective gargouillis est à la rescousse !
Avec ce jeu coloré, tu peux guider les élèves à reconnaître leurs signaux de faim et de rassasiement envoyés par leur corps. Ton ventre gargouille-t-il ? Ton estomac est-il redevenu plein ?
Avec les parents
Envie de collaborer avec les parents ? Tu peux les pister à comprendre les signaux de faim et de rassasiement de leur enfant. Comment ? Avec l’aide de ce petit mémo.
Lorsqu’un enfant se sent tracassé à l’heure du dîner, tu peux prendre quelques minutes pour discuter avec lui afin de comprendre pourquoi. Le mémo est ensuite un outil simple à remplir qui se glisse facilement dans la boîte à lunch pour communiquer avec le parent.
Sans décider ce que l’enfant a dans son lunch au dîner (ça, c’est le rôle des parents !), tu collabores avec le parent pour qu’il adapte la boite à lunch aux besoins de son enfant.
Pour résumé
Quand on parle avec un enfant à l’heure du dîner, les mots choisis ont une importance. Si tu utilises un langage où les aliments riment avec plaisir et que tu fais confiance aux signaux de faim et de satiété de l’élève, tu lui permets de développer une relation positive avec la nourriture. Ose le changement et fais vivre des expériences alimentaires positives aux élèves!
Bonne rentrée scolaire à tous !
Rédigé par Amélie Bertrand, stagiaire au baccalauréat en nutrition; sous la supervision de Lucie Laurin, Chargée de projet JGJA et formatrice
